Les immunomarquages en oncologie vétérinaire: un outil diagnostic précieux dans la prise en charge du patient cancéreux

L’analyse immunohistochimique est une technique immuno-enzymatique utilisée dans le cadre du diagnostic en cancérologie. Elle consiste à mettre en évidence des antigènes d’intérêt à la surface, dans le cytoplasme ou le noyau de cellules grâce à des anticorps spécifiques.

Il existe plusieurs champs d’application en cancérologie vétérinaire.

Préciser la nature de la population cellulaire tumorale maligne

plasmocytome_2.jpgL’examen histologique conventionnel permet, dans la plupart des cas, de poser un diagnostic morphologique précis avec un pronostic associé.

Il arrive néanmoins régulièrement que cette première analyse histologique ne permette pas d’identifier avec certitude la nature de la tumeur,  particulièrement dans le cadre de tumeurs malignes peu différenciées.

Une analyse immunohistochimique complémentaire s’avère alors indispensable afin de caractériser la nature de la population cellulaire tumorale et par conséquent son pronostic et sa prise en charge.

A titre d’exemple, face à une tumeur cutanée à celles rondes peu différenciée, un panel d’anticorps permettra de différencier un mastocytome agranuleux (anti-CD117), d’un plasmocytome extra-médullaire (anti-MUM-1), d’un lymphome (anti-CD3, anti-CD20, anti-PAX5), d’un histiocytome cutané (anti-CMHII notamment),…

Préciser l’immunophénotype des lymphomes

Les lymphomes sont les hémopathies malignes les plus fréquentes chez le chien et le chat. Leurs comportements biologiques sont extrêmement variables avec une différence importante de pronostic et de réponse thérapeutique selon le type de lymphome. La classification des lymphomes se basent sur leur localisation anatomique, leurs critères cytologiques/histologiques et leur immunophénotype.

L’immunophénotypage des lymphomes permet de distinguer les lymphomes B qui expriment les antigènes CD20 et PAX5 notamment et les lymphomes T qui expriment l’antigène CD3.

Chez le chien, par exemple, les lymphomes ganglionnaires multicentriques de haut grade d’immunophénotype B sont de meilleur pronostic que les lymphomes d’immunophénotype T.

Lymphome ganglionnaire diffus à grandes cellules d’immunophénotype B : expression membranaire de l’antigène CD20. Rares lymphocytes T résiduels exprimant l’antigène CD3

lymphome ganglionnaire 2.jpg Lymphome ganglionnaire.jpg

Préciser l’agressivité de la tumeur

Divers critères architecturaux, morphologiques et cytologiques (dont l’index mitotique) sont décrits et permettent de différencier une tumeur bénigne de bon pronostic d’une tumeur maligne ayant un potentiel métastatique.

Pour certaines tumeurs, l’évaluation de l’activité proliférative d’une tumeur peut être affinée grâce à des marqueurs de prolifération. Parmi ceux-ci, l’antigène Ki67 est le plus utilisé en Europe. Il s’agit d’un antigène présent pendant les phases G1, S, G2 et M du cycle cellulaire. Il sera donc exprimé par les cellules présentes dans le cycle cellulaire. Plusieurs publications montrent l’intérêt de préciser le pronostic des mastocytomes, mélanomes et lymphomes chez le chien grâce au calcul de l’index de prolifération Ki67.

mastocytome.jpg 

Mastocytome cutané de bas grade de Kiupel, index de prolifération Ki67 faible

mastocytome_2.jpg

Mastocytome cutané de haut grade de Kiupel, index de prolifération Ki67 élevé